Et le fameux "moment présent"?
Alors même que nous sommes en train de le vivre, le fameux moment présent, nous aurions paraît-il d'après de très sérieuses études en neurosciences, du moins notre cerveau aurait toujours un temps de retard. Alors moment présent, temps présent, chronos, même combat? Nous serions toujours en train de leur courir après?
Mais qu'importe de la réalité de notre aptitude ou non à pouvoir approcher au plus près du moment présent, car si nous sommes toujours un peu à côté de la plaque, nous n'en sommes pas moins dotés d'excellentes capacités. Non seulement de nous en apercevoir, mais encore de pouvoir nous réjouir de cette imperfection et de tenter des approches contournantes, approximatives, satisfaisantes pour notre vie spirituelle là ou elle en est au moment présent.
Une lettre d'adolescent en ayant rencontré un autre du sexe opposé qui avait éveillé en lui des émois particuliers lui fit parvenir une missive colorée et pleine de passion. L'adverbe "présentement" y était savamment agencé dans une phrase contenant moult sentiments d'amour.
La rencontre fut brève mais pas la teneur de la flamme allumée. Là résiderait tout le secret, se relier, sur le moment présent, -ou ce que nous sommes capables d'en percevoir- à un sentiment d'amour. Mais pas pour un objet de désir, ou un souvenir, ou encore un fantasme, ou une abstraction de l'esprit qui saurait se représenter ce qu'est l'amour. Ce mystère. Car c'en est un. Mystérieux tout autant qu'évident, comme son corollaire le moment présent. Comment amadouer l'un sans ressentir l'autre?
Autre piste, une sensation que nous connaissons tous, chacun à notre manière, celle d'avoir les yeux absorbés dans le vide, l'esprit légèrement embrumé, comme ailleurs, l'espace de quelques secondes. Je me souviens avoir lu quelque part que dans ces moments là notre âme nous parlait. Et pourquoi pas? Cet état particulier d'abandon momentané peut s'avérer durer un peu voire beaucoup. Disons, un peu comme un voyage sur la lune, plus ou moins agréable, une rêverie. De là on peut se dire des tas de choses avec notre mental qui n'aime pas trop converser avec l'âme, du moins adoptons pour un instant cette thèse. Position inconfortable pour cette machine à penser sur-alimentée par nos sociétés occidentales. Contrôler, consommer, prévoir, calibrer, projeter, gérer, calculer. Etc. Qu'aurait-elle à dire à l'âme qui vient d'on ne sait où et pour lui dire on ne sait quoi. Mental si fort en idées ne s'en laissera pas conter?
Le jeu du dialogue en vaut pourtant la chandelle, car si au lieu de se dire des choses du genre "Ohh-là-là, çà va pas, moi, je suis fatigué(e), je ne sais plus ce que je fais... Mais où donc je m'en vais encore divaguer" ou bien encore : "Et çà y est vlà-t-y pas que çà recommence, je me remets à penser comme si comme çà, sans queue ni tête"...Blablabla le mental conversant avec lui-même met l'âme K.O. à grand coups de mots! Ou bien elle devient spectateur du match, sur le ring, moi versus moi!
Et pourquoi pas prendre un petit temps sans laisser le "p'tit vélo" s'emballer sur le comment du pourquoi et il faudrait que j'aille faire les courses et pendant que j'y suis que je rappelle untel et que je remplisse ma déclaration d'impôts en ligne etc et "Je-ceci" et "Je-cela".
Prendre un petit temps de jeu, donc, sur le moment présent bien sûr, pour aller jusqu'au bout du ressenti, cette hyper présence à soi qui passe par un sentiment d'absence. Ce manque de tout très bref comme lors d'un changement de vitesse en voiture il y a bien un léger passage au débrayage-embrayage où c'est "à vide" entre deux vitesses?
Alors prendre ce moment présent, plein de son vide comme un bénédiction de vous faire ressentir que vous avez une âme, et qu'entre autres, elle voudrait tout simplement juste vous faire savoir qu'elle est là. Toujours là. Présente. Comme le moment présent.
Juste, pour essayer, la prochaine fois que vous ressentirez cet appel intérieur si étrange (et que je parie que nous connaissons tous), cette introduction à la fonction rêve, ce préambule des visions et des songes, ce seuil de la conscience modifiée...
Dites-lui pour voir : "Ah, tu es là..., oui çà va, merci et toi..."

Référence incontournable : Le pouvoir du moment présent d'Eckart Tolle. A consulter sans modération!